De quoi parle-t-on lorsqu’on parle de conscience de soi ? Quel rapport entretenons-nous avec ce qui se passe en nous ? Qu’est-ce que prendre soin de son être ?
Il est clair qu’il est tentant de rejeter tout ce qui est désagréable ou insatisfaisant… Mais est-ce prendre soin de soi que de faire cela ?
Rejeter le négatif ?
Ici par négatif, nous allons entendre tout ce qui est désagréable, source d’insatisfaction, de frustration, de douleur morale, de culpabilité, etc. En sommes, tout ce qui se traduit par des sensations ou des émotions source de déplaisir.
De façon générale il est plus simple et plus pratique de rejeter ce négatif. En effet, cela permet sur le court terme de continuer à vivre et de faire ce qu’on à faire. Cependant, cela ne favorise pas la conscience de soi.
Ce réflexe (de mettre de côté le négatif) est probablement issu de l’évolution. Il nous aurait alors permis de nous adapter à des contextes difficiles et donc de survivre.
Et même à notre propre échelle, il est clair qu’enfouir des peurs ou des ressentiments, mettre de côté des déceptions à l’égard de soi ou d’autres personnes, éviter ce qui nous angoisse ou nous met dans l’inconfort, nous a clairement permis de surmonter des épreuves et d’avancer.
Et puis, ça fait peur, ça fait mal, c’est douloureux de se retrouver face à la part d’ombre qui est en nous.
Oui, voir que l’on n’est peut-être pas encore à la hauteurs de nos idéaux, de nos valeurs ou des objectifs que l’on voudrait atteindre, ça met un coup. C’est difficile à admettre et parfois même pas envisageable.
Alors quoi ? On continue comme ça ? Et pourquoi changer d’ailleurs ?
Parce que cela a un prix.
Vous connaissez « l’effet cocotte-minute » ?
En fait, vous le connaissez mais vous ne le savez peut-être pas. Alors voyons cela ensemble.
Disons que la vapeur, c’est le négatif en vous. À ce moment, la soupape est le moyen de libérer le négatif. Que se passe-t-il si on laisse la cocotte minute pleine sur le feu avec une soupape bouchée ?
Au bout d’un moment, la pression y est telle qu’elle peut déformer la cocotte minute, voire la faire exploser… Vous n’avez pas envie d’exploser bien-sûr. Pourtant, se déformer et peut-être même exploser sont le prix à payer lorsqu’on ne développe pas la conscience de soi.
D’ailleurs vous le savez car vous avez déjà vu des gens autour de vous : peut-être s’agissait-il d’un collègue ou d’un membre de votre famille, peut-être même votre conjoint.
Et vous l’avez vu « péter un plomb », s’effondrer épuisé(e), faire une dépression ou un burn-out ou même agresser des personnes.
Voilà le prix qu’on risque de payer en mettant systématiquement le négatif de côté… Cela dit, ce n’est qu’un aspect du prix payé lorsque l’on manque de conscience de soi.
Les symptômes désagréables sont un alarme. N’oublions jamais cela…
Ne pas écouter les signaux ou comment ne pas avoir conscience de soi
En fait, la vapeur n’est pas le problème dans l’histoire. C’est un signal. En l’occurrence, le signal que la pression et la température augmentent dans la cocotte.
Ne pas y porter attention ou seulement faire taire le signal, c’est un peu comme mettre des boules quies pour ne pas entendre une alarme incendie et aller se recoucher sans rien vérifier.
Evidemment, rien de plus désagréable qu’une alarme incendie, au point qu’on n’aimerait qu’une seule chose : que ça s’arrête. Celles et ceux qui ont connu l’internat le savent bien.
Seulement, l’alarme est un signal. Et pourquoi fonctionne-t-il ? Parce qu’il est désagréable.
Un bon signal est désagréable, sinon ça ne marche pas.
Le négatif en vous, que ce soit de l’ordre de la peur ou d’émotions intenses, de certains comportements qui vous disconviennent, d’un manque de ceci ou de cela, sont des signaux. Tant que vous vous boucherez les oreilles, ils vont continuer à sonner.
Or, on peut se boucher les oreilles longtemps.
Plus on attend, plus l’addition est salée
- Déjà parce que l’incendie peut causer des dégâts, souvent psychologiques mais aussi parfois physiques ;
- Mais aussi parce que plus certains réflexes habitudes ou peurs s’encrent, plus il est difficile de s’en débarrasser ;
- Enfin parce que le temps passe et qu’il y a des choses qu’on ne pourra pas refaire ou revivre.
Et à chaque nouvel échec, déception, trahison ou comportement « regrettable », nous risquons de prendre le chemin des regrets, de la culpabilité ou de la dévalorisation.
Petit à petit on se déforme et d’autant-plus si on laisse ces vécus négatifs intacts en nous sans écouter ce qu’ils ont à dire.
Plus on attend, plus ils prennent possession de nous, resurgissent dans des moments inopportuns, nous assaillent et nous malmènent dans ce qui risque de devenir un cercle vicieux.
Tout cela risque d’ajouter une couche au mal-être initial, ce qui n’est pas souhaitable…
Se déformer petit à petit et perdre la conscience de soi
Peut-être que vous avez commencé à croire que certaines déformations sont vous. J’entends régulièrement des patients me dire des choses comme :
- « Je suis quelqu’un de faible » ;
- « Je ne sais pas m’exprimer devant les autres » ;
- « C’est ma nature d’être réservé(e) » ;
- « Je n’ai pas de courage » ;
- « Je ne sais pas dire non, je suis trop gentil(le) » ;
Et cetera, et cetera, et cetera. Et d’ajouter :
- « Je suis comme ça » ;
- « C’est ma personnalité » ;
- « On peut rien faire, c’est mon caractère » ;
Etc.
Ils se sont tellement habitués à leurs déformations qu’ils croient que ce sont eux : ils s’y identifient. Et cela se comprend, car parfois elles datent de la plus tendre enfance.
Mais après quelques séances en thérapie brève, les « réservés » et les « faibles » se mettent à s’affirmer et à faire face, à dire non ou a arrêter d’être « trop gentils », à engueuler quelqu’un pour la première fois de leur vie, à sortir de la dépendance ou à ne plus se laisser marcher sur les pieds, à retrouver confiance en eux et à se détacher du regard des autres ; ou encore d’autres changements.
Certains sont carrément pris par surprise, au point de se dire des choses comme :
- « mais, c’est n’est pas moi » ;
- « on dirait quelqu’un d’autre » ;
- « je ne me reconnais pas » ;
Et là, au fond de moi, il m’arrive de penser « si, c’est vous, mais on dirait que vous vous étiez oublié(e) ».
Pour tout vous dire, je suis aussi passé par les étapes que mes patients rencontrent.
Et quelle récompense de se voir se libérer de certaines peurs, de certaines croyances et illusions, en sommes d’apprendre à prendre soin de ses racines en développant sa propre conscience de soi.
Prendre soin de ses racines pour que l’arbre entier se porte mieux
Si nous étions un arbre, les signaux dont on parle partiraient des racines. Et oui, ils partent du plus profond de notre être.
Sous-terre, hors de vue, nos racines sont le fondement de notre être. Elles déterminent qui nous sommes et qui nous deviendrons. Pourtant on ne les voit pas, car elles ne sont visibles au premier abord. Elles sont invisibles à notre conscience.
Et comme on ne les voit pas, comme elles nous font un peu peur ces racines. Du coup on risque de les négliger.
D’ailleurs, avez-vous déjà eu une plante dont les racines sont attaquées par la moisissure ?
Si on ne fait rien, la plante se détériore petit à petit avant de décliner. Et le moment du déclin peut parfois survenir brutalement. Comment sauver cette plante ?
Le seul moyen est de la sortir du pot et de mettre les racines à la lumière pour qu’elles sèchent. Alors faisons cela.
Amenez vos racines à la Lumière de votre conscience.
Et éclairez les ombres qui sont en vous.
Alors bien-sûr, ce n’est pas très agréable, surtout au début. Mais comment voulez vous apprendre à prendre de soin de quelque chose sans la voir telle qu’elle est ?
Comment rendre cela moins désagréable ? Peut-être en laissant un peu de côté les jugements de valeurs qui nous viennent spontanément…
Quoi qu’il en soit, en éclairant vos zones d’ombre, vous allez découvrir vos racines. Et c’est bien ainsi qu’on développe la conscience de soi.
Alors, apprenez à accepter vos racines comme elles sont, aimez les, même si elles ne correspondent pas aux idéaux que vous aviez construits. Vous n’en avez pas d’autre.
Ainsi vos racines deviendront votre conscience. Ou plutôt, votre conscience profonde pourra se révéler plus librement et être intégrée par votre conscience « consciente », votre conscience du quotidien.
Comment faire pour développer la conscience de soi ?
Il y a deux grands chemins :
- dans l’urgence, la crise ;
- Petit à petit, de façon préventive.
Dans l’urgence, lorsque c’est la crise, la cocotte est sur le point d’exploser. Là, on lâche tout d’un coup, ça met de la vapeur plein la pièce et on peut même se brûler.
Mais quel soulagement après. Et puis, une fois que c’est fait, on peut enfin ouvrir le couvercle de la cocotte et regarder ce qu’il y a dedans.
C’est souvent assez douloureux, mais avec une méthode de travail adaptée, cette crise peut devenir une véritable opportunité.
Et de façon préventive ?
Dans ce cas, on attend pas que la pression soit au max. On surveille et on cultive nos racines avec amour, comme un jardinier.
Si on préfère la métaphore culinaire, on surveille la pression et la température. Et quand c’est le moment, on sort la cocotte du feu et on laisse la vapeur sortir tranquillement.
Là on apprend progressivement à se découvrir et on met en place d’évoluer harmonieusement.
Ces deux options sont utiles selon le moment de notre vie et donc complémentaires.
Et si on se sent démuni ?
À ce moment, on prend quelques cours de cuisine ou de botanique pour apprendre à mieux gérer tout ça ! 😉
On développe la conscience de soi et les moyens d’agir avec l’aide d’un professionnel.
Cela demande un certain travail et un peu de temps. Mais ce qui est certain, c’est qu’avec un bon professionnel et une méthode adaptée, on peut progresser très rapidement.
Pour trouver un bon professionnel, psychologue, psychothérapeute ou autre, vous pouvez suivre ce lien.
Et pour en savoir plus sur les méthodes thérapeutiques, vous pouvez jeter un œil ici. 😉
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Bien à vous,
Karim
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